Une question socialement vive

Les propositions de la convention citoyenne de juin 2020

Etes vous d’accord pour limiter les effets néfastes du transport aérien ? La question a été mise au vote de la convention citoyenne pour le climat qui s’est tenue d’octobre 2019 à juin 2020. Si l’on fait abstraction de la formulation de la question, à laquelle on s’étonne quand même que 6 personnes aient voté contre, on perçoit que l’opinion publique est sensibilisé à l’impact de l’aérien. Celui-ci se positionne de façon très singulière dans le domaine de la production de gaz à effet de serre parmi tous les moyens de transport. Il est, avec la voiture particulière sans passager le plus gros contributeur par passager-kilomètre et on le regarde donc à juste titre comme l’un des principaux leviers que les politiques dites « bas-carbone » ou de « neutralité carbone » pourront actionner dans leur objectif d’endiguer le réchauffement climatique.

En tout : 7 propositions relatives à l’aérien
  • Créer une écocontribution kilométrique sur les billets d’avion
  • Interdire les vols intérieurs quand une alternative en moins de 4 heures existe
  • Interdire le développement des aéroports
  • Taxer davantage le carburant pour l’aviation de loisir.
  • Défendre une écocontribution européenne
  • Imposer la compensation des émissions
  • Financer la recherche sur les biocarburants
Une proposition d’interdire les vols régionaux entre des villes situées à moins de 2H30 en train

En juin 2020 le gouvernement grave dans le marbre la proposition 2 proposant de favoriser le train pour certaines lignes intérieures et abaisse la jauge de 4H à 2H30. Adopter une limite de 4H aurait conduit à supprimer la quasi-totalité des vols nationaux. La transition conduite d’ici 2025 concernera les vols avec Orly au départ de Lyon, Bordeaux et Nantes pour ce qui est des plus importantes.

Pour que la mesure produise les effets escomptés, il reste à évaluer le réel impact de la loi et notamment les possibilités de la contourner. Un Bordeaux-Paris (Orly) pourrait-il être remplacé par un Bordeaux-Clermont-Paris (Orly) ? Cela aurait un effet contre-productif en alourdissant l’impact carbone. Diriger les vols intérieurs en provenance des aéroports impactés vers RoissyCDG qui est une destination autorisée en tant que hub international ? Reporter les vols intérieurs sur des plateformes proches ? Ainsi les Lyonnais souhaitant gagner le sud de la capitale pourraient décoller de Saint-Etienne plutôt que de Lyon-Saint-Exupéry. Là encore cela alourdirait l’addition en carbone du fait du déplacement en voiture supplémentaire.

Des éléments à verser au débat

Le flygskam », littéralement « la honte » de prendre l’avion

« En juillet 2019, le nombre de passagers qui a pris des vols domestiques via les dix plus grands aéroports suédois a baissé de 11% par rapport à juillet 2018. Sur les sept premiers mois de l’année, de janvier à juillet, leur nombre a diminué de 8%. 

Les observateurs s’accordent pour dire que cette baisse est dûe en grande partie au « flygskam », littéralement « la honte » de prendre l’avion en suédois, pour des raisons environnementales. Désormais, bon nombre de Suédois opte autant que possible pour le train, moins polluant que l’avion, pour se déplacer à l’intérieur du pays. »

(source Air-journal.fr)

Le mouvement de l’intérieur

Le 25 juin 2020, après de nombreuses semaines de fermeture du à la pandémie de COVID-19, l’aéroport d’Orly rouvre ses portes. Soulagement pour ceux à qui cela permet de sortir d’une période de chômage, Colère pour ceux qui militent en faveur d’un abandon des vols intérieurs.

Envahissement de la plateforme d’Orly

Les revendications en détail : (Interview d’une activiste)

Les clés pour comprendre
Comparaison impact carbone moyens de transport (d’après données ADEME 2020)

Si l’on peut déplorer la forme sous laquelle est proposé le concept (pourquoi devrions nous faire des choix parce que nous avons honte ? devrai-je me cacher quand je vais dans un avion ?), il n’en demeure pas moins utile de comparer l’impact de l’aéronautique sur l’environnement avec les autres moyens de transport.

Le graphique ci-contre présente un indicateur permettant de comparer les émissions de dioxyde de carbone (hors énergies grises et hors forçage par les traînées de condensation.

Le train y apparaît nettement comme le moyen le plus propre. L’avion trouve donc sa place dans le voyage de très longue distance.

Au delà du fait donc de montrer du doigt tout citoyen s’approchant d’un aéroport, c’est bien sûr d’une éducation et d’une culture des citoyens au choix des mode de transport dont notre planète a besoin, inspirée en cela par l’essor du covoiturage qui ne doit son succès a aucune honte ni a aucune loi. Chacun d’entre nous doit être en mesure en effet d’intégrer, à coté de contraintes de temps, de service, de budget, de confort ou de distance, la volonté d’atténuer son empreinte écologique.

Nous volerons certainement moins à l’avenir. Il reste que nous ne sommes pas prêts à couvrir la substitution de lignes aériennes par des liaisons en train. Des infrastructures ferroviaires, de préférence électrifiées et à grande vitesse doivent être développées et entretenues. Or les projets les plus récents de construction de lignes à grande vitesse ont tous été annulés et bien souvent d’ailleurs à cause de l’impact environnemental inhérent à tous les travaux de cette ampleur. C’est donc une période de transition qui s’ouvre.

Le transfert de voyageurs de l’aérien vers le train lorsqu’il est possible, permet de limiter efficacement l’impact environnemental d’un voyage par émission directe de GES

Pourquoi l’aviation commerciale n’est-elle pas taxée ?

Les règles générales

Les taxes sur les importations de matières premières et de produits finis peuvent être révisées par le pays importateur. C’est une règle générale qui s’applique s’il n’y a pas d’accord stipulant le contraire entre des pays. Lorsque ces taxes sont revues à la hausse par un pays cela crée alors des tensions politiques et une défiance de la part des autres pays.

La décision de ne pas taxer les carburants pour l’aviation civile date de la fin des années 40. La seconde guerre mondiale connait alors son épilogue. L’aviation civile, naissante est appelée a être un moyen d’échanges privilégié entre les peuples de part sa portée mondiale et apparaît de ce fait comme un un vecteur de paix. Depuis lors, l’aviation commerciale est donc protégée des décisions protectionnistes. Le kérosène contenu dans les réservoirs d’un avion n’est donc pas considéré comme un produit d’importation.

Neutralité carbone 2020

Le CORSIA est un régime de compensation adopté entre plusieurs pays (80% des membres de l’OACI) prévoyant le payement de pénalités pour les structures dont les émissions de CO2 deviendrait supérieur à celui de l’année 2020.

Peut-on verdir ses déplacements ?

Les différences de prix d’un trajet expliquent souvent une décision d’achat. Supposons que le consommateur, au moment de prendre un billet d’avion, ne tienne compte que de l’impact environnemental de l’aérien et des contraintes de temps et d’espace. Il doit pouvoir éclairer sont choix sur la base de données simples et sûres. Pour mesurer l’impact du secteur aérien, un phénomène fait aujourd’hui l’objet d’une controverse scientifique : Le rôle joué par les traînées de condensation.

Simulateur de l’ADEME

Le simulateur ADEME (Agence de la transition écologique) permet de comparer les productions de CO2 de différents moyens de transport en donnant deux valeurs distinctes pour l’aérien (toujours en gramme par passager et par kilomètre) :

  • une première découlant d’une valeur nulle au forçage induit des traînées de sillage (trait blanc)
  • une seconde découlant d’une valeur positive (à la droite du même trait blanc).

Libre à vous de choisir la valeur qui vous semble la plus pertinente (quelques éléments sont donnés dans la partie suivante : Trainée de condensation or not trainée de condensation ?) De toute façon, souvent cela ne change pas grand chose dans au choix d’un moyen de transport. Si l’on fait abstraction des énergies grises, le train est très largement la solution la plus verte pour voyager. Il reste à étudier si ce moyen de transport peut nous conduire au bon endroit, en temps et en heure. Pour cela, il suffit de renseigner la distance parcourue et le simulateur fait le reste.

Trainée de condensation or not trainée de condensation ?

Dans le sillage des avions, se forme parfois des nuages appelés « traînée de condensation » et qui résultent d’un apport de vapeur d’eau et de poussières dans la haute troposphère (6 à 10 km d’altitude). Nous avons tous eu le loisir de les observer. L’apparition de ces nuages artificiels pourrait, selon certaines études (reposant sur des démarches de prévisions comparables aux calculs météorologiques) induire un forçage thermique (Ils bloqueraient mieux les infrarouge, vecteurs du refroidissement terrestre qu’ils ne bloqueraient les UV-visible du soleil vecteurs eux de réchauffement). Ce forçage pourrait être (Etude Bigo-CNRS-SNCF) équivalent l’effet de serre provenant du rejet de GES par les réacteurs, c’est à dire doubler la contribution au réchauffement du secteur aérien. D’autres hypothèses suggèrent au contraire un effet de refroidissement (forçage négatif). Elles se fondent notamment sur certains événements géologiques (volcanisme, impacts de météorites) qui apportèrent des poussières dans la haute atmosphère et qui ont précédé des période de glaciation notre planète.

Ces hypothèses ouvrent un intéressant champ d’investigation expérimentale afin d’établir une valeur définitive au phénomène.

Formation de cirro-cumulus de sillage (Traiits blancs en présence de cirro-stratus nuages étendus et fins)

A vous de jouer (mettons nous en situation)

Maintenant que vous avez compris comment déterminer le moyen le plus écologique pour aller d’un endroit à un autre vous allez travailler sur un des 3 cas concrets où l’avion peut apparaître comme un choix. On reste en Europe sinon ce n’est pas très intéressant (non je n’ai rien contre les traversées de l’Atlantique à la voile).

  1. Rechercher des distances des différents trajets (par exemple avec Google>map>itinéraire,)
  2. Utiliser le simulateur de l’ADEME pour sortir la masse de dioxyde de carbone produit et vérifier vos calculs
  3. ,Voter pour un moyen de transport.
  4. Visualiser les résultats de tous les utilisateurs

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.