dans un contexte de guerre froide.
Face aux Etats-Unis qui sortent tout-puissants de la guerre, l’URSS, qui a fortement contribué a la chute du IIIème Reich en prenant l’Europe de l’est, tient à camper sur ses positions. Le bloc des pays communistes fait désormais face au monde libre. Une période marquée par des ponts aériens, de histoires d’espionnage des lancers de fusées, de satellites, de voitures spatiales.
La fin de la seconde guerre mondiale guerre voit l’aéronautique se développer pour répondre a deux nouvelles exigences.
- d’une part l’essor du transport civil de fret et de passagers est important,
- d’autre part il apparait les tensions entre les deux grandes blocs. Les Etats-Unis et l’URSS souhaitent affirmer leur domination sur le monde et vont devoir montrer les muscles.
Les Etats-Unis possèdent une avancée notable en matière de construction d’avion. C’est en 1947 que pour la première fois un avion (le Bell X1), avec à son bord l’américain Chuck Yeager franchit le mur du son avec presque deux années d’avance sur les soviétiques. Les Américains se lancent aussi dans l’aviation civile là ou l’URSS attendra jusqu’aux années 50 pour fabriquer son premier avion de ligne a long rayon d’action.
En juin 1948, l’URSS coupe les voies d’accès a Berlin, la capitale allemande. Celle-ci est enclavée dans la partie de l’Allemagne qui est tombée sous influence soviétique mais le alliés en contrôle une partie. Il faut alors organiser un moyen d’approvisionnement en vivres et en charbon. Et ce sont des vieux avions de la guerre qui vont trouver une seconde carrière dans le transport de fret. En une année, pas moins de 277 000 livraisons seront organisées pour 2 000 000 de tonnes de fret livrés.
La guerre froide n’est pas une guerre qui se déclare pas mais les tensions sont importantes. La priorité pour chaque puissance est de développer des technologies permettant d’assurer une domination. Il faut aussi s’informer des activités de l’adversaire tout en soustrayant à sa vue ses propres projets. La CIA (américains) et le KGB (soviétique) sont les deux acteurs principaux du renseignement. La recherche d’information passe souvent par l’envoi d’agents au sol et la corruption de ceux du camp d’en face.
Des activités de reconnaissance photographiques se développent également. Le Célèbre Lockheed U2 peut être qualifié de planeur à réaction car sa voilure, qui possède un allongement important lui confère la capacité de voler à 20 000 m d’altitude avec un important rayon d’action. Entré en service en 1957, il se permet de survoler le territoire soviétique hors de portée de la chasse et de la DCA. De nos jours même s’il est encore en service, de reconnaissance photographique du U2 sont plutôt confiées a des drones. Pour les amateurs de rock and roll, sachez que son nom inspiré un célèbre groupe irlandais toujours lui aussi en service aujourd’hui.
En 1960, les soviétiques mettent au point un missile anti-aérien qui se dirige par reconnaissance d’une source de chaleur. Un U2 sera abattu au dessus de l’URSS.
Premier satellite
S’il est un endroit où les missiles aériens ne frapperont pas, c’est bien aux confins de notre atmosphère ! L’URSS marque les esprits le 4 octobre 1957 en mettant en orbite spoutnik 1 le premier satellite artificiel de la Terre.
A une altitude oscillant entre 200 et 900 km, il n’y a plus d’air. Donc sur sa lancée, le satellite tourne sans perdre sa vitesse. L’événement fait son petit effet et la presse américaine fait ses gros titres sur l’avancée technologique des « rouges ». Les réactions internationales sont faites d’admiration et de crainte. Il faut dire que le lanceur R7 Semiorka n’a pas été conçu à l’origine pour le spatial mais pour servir de missile balistique intercontinental. Même le Vatican voit dans le satellite un « Mars artificiel et non une Lune artificielle ».
Mais spoutnik représente-t-il en soi une menace ? Et bien pas du tout : il émet des ondes que les radioamateurs se feront un jeu de détecter et ses 80 kg d’acier se désintégreront a son retour dans l’atmosphère le 26 octobre. L’intérêt stratégique d’un tel engin est cependant non négligeable. Ayant démontré la possibilité d’envoyer un signal vers la Terre, il devient possible certainement d’envisager faire de l’observation.
Un mois plus tard, le premier être vivant a aller dans l’espace est la Chienne Laïka a bord de Spoutnik 2. Même si cet événement est un des plus connus de l’histoire de la conquête spatiale, il n’apporte rien de fondamental. Il n’était en effet pas prévu que Laïka rentre vivante. L’animal fut moins considéré comme le meilleur ami de l’homme que comme un objet d’étude scientifique. Ses paramètres vitaux furent enregistrés et donnèrent quelques informations sur la capacité d’un être vivant a encaisser l’accélération au décollage ainsi que la mise en apesanteur.
Premier vol spatial habité
La rivalité naissante sur le domaine spatial entre les Etats-Unis et l’URSS ouvre alors une décennie des pionniers de l’espace. Deux grands objectifs conduisent a l’ouverture de programmes de développement : Envoyer l’homme dans l’espace et conquérir la Lune .
Les programmes soviétiques américains sont dans les starting-block. La NASA est fondée en 1958 mais c’est l’URSS qui décroche les premiers succès :
- En 1959, Luna 1 est le premier engin spatial à passer dans le champ gravitationnel de la Lune (Deux mois d’avance sur les américains et leur sonde Pioneer 4).
Luna 2 est le premier objet artificiel à atteindre le sol lunaire. Lors d’une visite aux USA, le président Khrouchtchev offrira a son homologue américain une réplique des boules d’acier ayant atteint le sol lunaire enfin, (on ne sait pas si c’est de cette époque que date l’expression « avoir les boules »)
Luna 3 réalise la première photographie de la face cachée de la Lune. Rappelons que la lune met exactement le même temps à tourner sur elle même et à tourner autour de la Terre de sorte que nous en voyons toujours le même coté.
Le 12 avril 1961, Youri Gagarine est le premier homme a se rendre dans l’espace a bord du vaisseau spatial Vostock 1.
La logique de la conquête de la Lune est de montrer, d’abord étape par étape,
- qu’un véhicule spatial peut se placer en orbite autour de notre satellite,
- qu’il peut se poser sans dommage,
- puis re-sortir de son champ de gravitation
- et enfin revenir sur Terre.
Ce sera partiellement chose faite :
- en février 1966 pour le premier atterrissage par la sonde Luna 9,
- en mars 1966, Luna 10 est la première sonde à se se placer en orbite lunaire.
Et les américains que font-ils ? Et bien depuis 1961, date à laquelle le président John Fitzgerald Kennedy promet qu’un américain marchera sur la Lune avant la fin de la décennie, leur programme Apollo suit son cours et comble le retard. Ils sont quasiment dans le même calendrier que les soviétiques.
- Le 30 mai 1966 une sonde américaine atterrit sur la Lune.
- Le 10 Août de la même année, ils placent la sonde Lunar Orbiter autour de la lune.
On a marché sur la Lune
En décembre 1968, pour la première fois (mission Apollo 8), des humains voient la face cachée de la Lune. 6 mois plus tard, est lancée la mission Apollo 10 qui est une répétition générale au cours de laquelle l’équipage va valider la capacité à se mettre en orbite autour de la Lune, puis de détacher un module lunaire habité (LEM), puis de réaliser ce que l’on appelle un rendez-vous spatial qui consiste à récupérer le LEM et enfin retourner sur Terre. La retransmission des images en direct est également testée par la mission.
En juillet 1969, sous les yeux de la Terre entière a mission Apollo 11 refait le même voyage mais le module lunaire pour de vrai. L’équipage est constitué de Buzz Aldrin, Neil Armstrong et Michael Collins. Ce dernier restera en orbite lunaire tandis que ses deux compagnons descendront vers le sol lunaire. Armstrong est le premier homme a poser un pied sur la Lune.
On a donc marché sur la Lune 16 ans seulement après le voyage imaginaire de Tintin et du capitaine Haddock. L’aventure du célèbre reporter passe donc de la science fiction à la réalité. Il est intéressant aussi de noter que Hergé a beaucoup rendu hommage a l’aviation et a la conquête de l’espace. C’est d’ailleurs Auguste Piccard, un aéronaute Suisse (Premier vol stratosphérique en 1931) qui lui a inspiré le personnage du professeur Tournesol.
En 1981, un nouvel engin spatial fait son apparition. La navette spatiale américaine (NASA). Il s’agit en fait d’un planeur ayant la capacité de faire un retour sur Terre à partir d’une orbite.
dissuasion nucléaire
Mais la guerre froide c’est aussi la dissuasion nucléaire. Les américains ont comme héritage de la seconde guerre mondiale la maîtrise de l’atome. L’union soviétique les rejoindra dès 1949. Le missile est la technologie développée alors pour projeter cette arme sur l’ennemi. Elle est peu différente de celle utilisée pour envoyer des engins dans l’espace. Cette arme résume a elle seule le concept de guerre froide : Montrer a l’ennemi ses capacités de destruction pour le dissuader d’entrer dans une guerre qui serait perdue pour tout le monde.
La France est alors un des pays à posséder cette arme. Les têtes nucléaires peuvent être projetées par des missiles ou embarquées sur Mirage IV, un bombardier dédié à ce type de mission.
les avions civils
Si l’aéronautique militaire et le spatial sont au cœur de la compétition entre les deux blocs, l’aéronautique civile n’est pas en reste. Le modèle économique du monde libre produit plus de richesses que le modèle communiste. L’aéronautique civile s’y développe sous l’impulsion d’opérateurs privés se faisant concurrence pour occuper un marché sans cesse en croissance (voir l’excellent article ici).
A l’est, des constructeurs soutenus par l’état, élaborent des aéronefs qui servent sur un espace moins porteur d’un point de vue économique.
Le paysage actuel de la construction aéronautique civile est à l’image de cette guerre froide économique. Il est dominé par les deux géants que sont Boeing (né en 1916) et Airbus (1970) et qui sont sortis du lot au cours de ces années. La firme Airbus naît, l’année ou Boeing sort son mythique B747 Jumbo. Elle devient le second constructeur mondial en 1991 en dépassant McDonnell Douglas.
De 1985 à 1991, l’URSS est démantelée et de nombreux pays, jusqu’alors sous la domination de Moscou, reprennent leur autonomie. Cette période de réchauffement des relations internationales est pour l’industrie de l’est une période d’incertitudes et de crises qui ne permettra pas aux ex-pays de l’est de combler le retard dans l’industrie aéronautique. C’est au contraire à l’ouest que les avancées les plus notables verront le jour.
C’est par exemple à cette époque qu’apparaîtra le premier avion a commandes numériques : l’Airbus A320 (7000 avions en service aujourd’hui) qui, avec le B737 (6500 avions en service aujourd’hui) deviendront les avions les plus vendus. Aujourd’hui, un vol civil sur deux , est opéré sur un de ces appareils.
Commandes électriques ou numériques ?
Déjà les commandes électriques : Elles apparaissent avec les vols supersoniques car le fuselage s’échauffe et donc s’allonge. Il devient alors impossible d’utiliser les transmissions de commande mécaniques qui casseraient. Par conséquent, des capteurs électriques sont placés sur le volant ainsi que sur les palonniers. Ils transforment les actions du pilote en signal électrique. Puis ce signal est envoyé vers des vérins qui actionnent les gouvernes. Dans le domaine militaire, cette technologie est apparue en 1958 et dans le domaine civil en 1969 avec le Concorde.
Ensuite les commandes numériques : Et bien ce sont des commandes électriques sauf que le signal capté au niveau des commandes est numérisé puis traité par un ordinateur qui peut déterminer par exemple si une action du pilote est dangereuse et envoyer un signal modifié vers les commandes. Cette technologie a fait l’objet d’expérimentations avant la sortie de l’Airbus A320 mais c’est bien sur ce dernier pour lequel le pari audacieux de la commande numérique en grande série a été faite en 1988. L’image d’un avion qui se pilote avec un joystick a alors marqué les esprits.
Aujourd’hui, certains avions de chasse comme le Rafale sont tellement maniables d’un point de vue aérodynamiques, qu’ils ne seraient pas pilotables sans assistance numérique.
Le talon d’Achile (il en faut bien un) c’est que, si un panne électrique survient, l’avion devient incontrôlable. C’est un des problèmes qu’a dû résoudre par exemple le célèbre commandant Sullenberger lorsque son A320 a subi une panne au départ de New-York. Cet événement a été retracé dans le célèbre film Sully (2016)